mercredi 2 novembre 2016

UCPA : un pied dans la solidarité, l’autre dans le marché

L’association de loisirs affiche d’ambitieux objectifs de développement et teste des méthodes de financement innovantes.
L’UCPA, spécialiste des vacances sportives et des loisirs pour les populations en difficulté sociale, réalisera en 2016 un chiffre d’affaires proche de 203 millions d’euros, pour un résultat globalement à l’équilibre. Elle veut maintenant doper sa croissance en se développant sur la gestion d’équipements sportifs. « Oui, nous sommes une association… Mais nous fonctionnons exactement comme une entreprise. » Guillaume Légaut met un point d’honneur à préciser que, certes, l’UCPA, qu’il préside depuis quatre ans est demi, est bien une organisation à visée sociale – son but est d’accueillir, à des prix inférieurs à ceux en vigueur sur le marché, des publics en difficulté sociale (ils représentent la moitié des clients) pour leur proposer du sport et des loisirs.
Mais l’association, qui existe depuis 1965, est totalement dans le marché. Elle ne compte pas sur les subventions publiques pour exister : celles-ci ne représentent que 0,5 % de son budget. Et, comme toute entreprise, l’UCPA a des objectifs de rentabilité. Elle a déjà réalisé ces dernières années d’importants efforts de performance, son excédent brut d'exploitation est passé de 6 à 13 millions d'euros entre 2010 et 2016. Un résultat obtenu principalement en améliorant la productivité, les prix des séjours restant stables. Au final, l’UCPA est globalement à l'équilibre.
Une situation saine qui lui permet d’avoir des ambitions de développement : « Le marché des vacances est stable. Ce n’est pas là qu’il y a de la croissance. En revanche, le segment des loisirs et de la gestion d’équipements pour le compte des collectivités se développe. Il représente un tiers de notre activité. Nous voulons, d’ici à 2020, multiplier son poids par deux pour atteindre 115 millions d’euros. Nos deux types d’activité auront alors une importance sensiblement équivalente au sein de l’UCPA », explique Guillaume Légaut.

Pour cela, l’association, qui gère déjà des piscines, des centres équestres, des salles de sport et même quatre golfs, va poursuivre sa politique d’acquisitions : elle achète de petites structures qui gèrent déjà des équipements pour les collectivités locales. « Nous voulons remonter la chaîne de valeur, c’est-à-dire ne plus être seulement présents comme exploitants, mais aussi comme concepteurs, aménageurs et financiers. » Exemple : l’UCPA va ouvrir l'Aren’ice de Cergy-Pontoise. Cette double patinoire, dont une de 5 000 places, adjacente à une arène sportive, l’association n’en est pas seulement l’exploitant ; elle est aussi partie prenante dans la société de projet qui a conçu le lieu.
Titres associatifs. « Cela implique – et c’est nouveau pour nous – de devoir trouver des financements innovants », explique Guillaume Légaut. L’UCPA a ainsi mis sur pied une foncière, dans laquelle sont également présents la Caisse des dépôts, le Crédit coopératif, Axa et Savoie stations participations, émanation du Conseil général de Haute-Savoie. Elle permettra de financer un plan d’investissement de 105 millions d’euros sur 2016-2020.
L’association a également eu recours à un dispositif ancien mais qui fonctionnait mal avant d’être réformé en 2014 par la loi sur l’Economie sociale et solidaire : les titres associatifs. Ils permettent à des investisseurs institutionnels, capital-risqueurs ou structures indépendantes, de souscrire une participation dans l’UCPA, rémunérée sur les résultats, mais ne donnant pas accès à la gouvernance. L’UCPA va ainsi lever 3 millions d’euros cette année.
Enfin, l’UCPA travaille à la mise en place d’un outil de participation et de financement dans des projets de construction d’équipements, qui sera une de ses filiales, avec pour partenaires des banques et des fonds d’investissement. « Mais tous partageront notre approche d’une forme d’économie solidaire », conclut Guillaume Légaut.

(L'Opinion)

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Journaliste spécialisé dans l'actualité sportive, j'ai collaboré, entre autres, à So Foot, Libération, Radio France Internationale. Aujourd'hui, je suis particulièrement les politiques sportives au plan national et dans les collectivités locales pour Localtis.